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KANATHA-AKI


UN SAUT DANS LA NATURE

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Stéphane Denis, homme d'affaires français, a immigré au Québec il y a 15 ans. C'est là qu'il a troqué veston et cravate pour la chemise à carreaux rouge et noir afin d'adopter un style de vie qui rejoint les valeurs traditionnelles de la culture algonquine du Québec.

Stéphane avait besoin de changement. Pisciculteur de métier et auparavant propriétaire de 5 entreprises en France, il a répondu aux exigences de la société. Il est allé à l'école, il a travaillé et mis des sous à la banque. Il a eu une maison et fondé une famille. Cependant, il lui manquait quelque chose.

Stéphane incarne désormais l’équilibre et le respect de la nature en prenant soin de sa réserve de bisons qui inclut quelques rares bisons blancs, d'un élevage de truites, de chevaux et d'une meute de chiens de traîneau. L’endroit est très sauvage. Bien que Val-des-Lacs n’est qu'à une heure quinze de Montréal, il n'y a eu que très peu de développement. Les coyotes, les orignaux, les loups sont libres et font partie de l'environnement: «c'est un zoo ouvert ». Son terrain officiel de 500 acres (500 terrains de soccer) représente plutôt un espace de liberté de 1000 acres puisqu’il n’y a pas de frontière.

ÊTRE NOMMÉ «CHEF»

Avec son expérience professionnelle, Stéphane ne repartait pas totalement à zéro malgré le fait qu'il devait faire l'acquisition de nouvelles compétences et cela particulièrement en ce qui concerne les chiens de traîneau. Il croyait connaître les chiens, mais il s’est vite rendu compte qu’il ne les connaissait pas. Il a alors fermé la barrière de l’entrée, et tel un entraînement intensif, il s’est occupé de 42 chiens.

Cela lui a pris 4 ans pour devenir chef de la meute, car: «ce sont eux qui te nomment chef». Ce sont eux qui lui ont appris. À chaque jour il était testé. Au début, il utilisait la ligne dure pour les dompter, mais une femelle alpha lui a fait savoir qu’il devait changer de méthode. La chienne ne l’aurait jamais mordue, mais il était évident que la méthode ne marchait pas.

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Stéphane Denis donne une accolade à un chien de traineau

C’est là qu’il a compris la magie des profondeurs de la douceur. « Les animaux ne demandent qu'une seule chose; être aimé. La phrase du chien c’est: donne-moi de ton temps pour que je puisse apprendre à t’aimer et à te faire plaisir ». Les animaux sont très sensibles aux vibrations. Ils ont besoin de soixante secondes pour nous lire. Pour interagir avec eux, l’humain a besoin d’une hygiène spirituelle. «Si tu es en colère, ne va pas voir tes animaux». Aujourd’hui, Stéphane a 63 chiens de race Alaskan et propose des randonnées de traîneau pour les amants de la nature.

INCARNER LES VALEURS ALGONQUINES

L'harmonie et l'équilibre avec la nature sont une priorité pour Stéphane. « On peut réussir à trouver cet équilibre seulement si l’on a du respect envers soi et envers les animaux ». Sa rencontre avec le chef traditionnel algonquin, Dominique (T8minic) Rankin, a joué un rôle important, notamment pour la transmission des valeurs et de la spiritualité.

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La conservation de la biodiversité passe par le savoir traditionnel autochtone qui se transmet depuis 2000 ans. À Kanatha-Aki on prodigue des soins amérindiens, tels que la purification de thé aux sapins et de massages avec des huiles chaudes concoctées avec des végétaux. Autour du cercle de cérémonie, l'on retrouve deux tipis traditionnels. Ils sont composés de peaux de bisons, de sapinage, et d'un feu sacré. Ils sont fabriqués avec 24 pôles. Celles-ci représentent les 12 lunes blanches et les 12 lunes noires. «Chaque pôle représente une classe dans l'école de la vie. Ce sont toutes des qualités de l'humain ». Le tipi est le symbole du ventre de la femme. L’entrée représente le nombril et « c'est comme se retrouver dans le ventre de la femme et le feu sacré est à l'intérieur. Ça représente le démarrage de la vie ». La famille pouvait ainsi vivre en équilibre avec la nature.

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Stéphane Denis se dirige vers l'entrée du tipi traditionnel

PRÉSERVER LES BISONS

Comme le père de Stéphane était le premier importateur de bisons en Europe, il était donc en terrain connu. Les bisons c'est pour le plaisir des yeux: «ici on ne les mange pas». Il ne fait pas de commercialisation contrairement aux éleveurs de bisons du Québec. Le bison des bois est un animal préhistorique qui est menacé d'extinction. Lorsqu'on les observe, on ressent la grande quantité de chaleur qu'ils dégagent en plus d'être d'un calme impressionnant. Stéphane ne fait pas plus d'une visite par jour pour respecter leur tranquillité.

La naissance d'un bison blanc en 2005 a été un événement marquant pour la réserve. «Une grande cérémonie animée par T8aminik « homme médecin » a été organisée sur le site en l'honneur de cet enfant que l'on a nommé Prophétie. Simultanément, vingt-cinq pipes sacrées ont été allumées par des chefs amérindiens ou des hommes médecins partout en Amérique du Nord afin de nous unir tous pour cet événement rare et lourd de sens», peut-on lire sur le site web de Kanatha-Aki.

Le nom Prophétie du bisonneau n'est pas un hasard. La légende de la femme bison blanc, la messagère de Wakan Taka un être sacré, a apporté le calumet de la paix à la nation. La chanunpa, la «pipe de prière» servait à promouvoir un ensemble de valeurs de paix, de respect et d'équilibre. Après plusieurs jours consacrés à la prière, la femme s'est transformée en bison blanc.

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ÉLEVER DES TRUITES

Son métier de pisciculteur lui facilite la tâche en ce qui concerne l'élevage de truites mouchetées, truites indigènes du Québec et de truites arc-en-ciel. Sa pisciculture fonctionne sans électricité et sans pompe. Elle est toute naturelle et l'eau se transfère par gravité. La truite croît en eau de source dans des bassins circulaires qu'il a conçu: « du bio plus que du bio ».

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